Elle découvre son métier d’émailleuse sur lave grâce à un encart-presse. Marie-Claire MUSSARD, adepte de l’adage « quand on veut, on peut » s’est formée en autodidacte et au contact d’experts-conseils. La gérante de la SCIC ESCALE ARTISANAT nous raconte son parcours et celui des artisans qui se sont fédérés pour vendre et valoriser le savoir-faire réunionnais dans l’enceinte de l’aéroport de Gillot.
Portrait de : Marie-Claire MUSSARD Sa fonction : Gérante et responsable RH Structure : SCIC Escale Artisanat Effectif : 4 salariés – 54 artisans Activité : Passer par la vente de produits pour informer le public sur les activités artisanales locales, (métiers d’art, épicerie fine, cosmétique) Son leitmotiv : Batailler pour la Réunion, pour le savoir-faire local. |
Présentez-nous votre parcours - "L’ESS un parcours de vie ?" |
Je suis l’ainée de 5 enfants, un garçon manqué qui a pris goût aux travaux manuels aux côtés de mon père. Dans mon adolescence et jusqu’à mes 20 ans, j’étais en recherche d’une voie professionnelle. Au départ j’ai commencé par la couture, et mon orientation m’a amenée vers une formation de secrétaire comptable, ce qui ne me plaisait pas plus car ce n’était pas mon truc. A la fin d’un contrat emploi-solidarité (CES) de 2 ans en tant que secrétaire, une parution dans le journal sur l’école d’architecture de Volvic proposait de découvrir l’art de la pierre. Suite aux conseils de ma mère et après un appel au représentant, j’ai fait 5 ans à Volvic et découvre le métier d’émailleur sur lave. 5 ans plus tard, je me lance dans l’émaillage et je participe à un concours organisé par la mission locale Sud. En décrochant le 1er prix, j’ai eu de la trésorerie pour acheter du matériel. J’ai obtenu un prêt de l’ADIE pour acheter ma matière première et devenir cheffe d’entreprise en émaillage sur lave. J’ai participé au salon du Fait main et à toutes les expositions…une aventure qui ne s’est pas arrêtée depuis 1999 et qui m’a permis de rencontrer pas mal de collègues artisans avec qui nous avons souhaité monter notre propre structure de vente. |
Pourquoi avoir fait le choix d’entreprendre autrement ? |
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Pour être indépendant. On est chef d’entreprise sur une partie de la chaine de valeur et pourquoi ne pas être présent en vente directe aux clients sans intermédiaire ? On a voulu maîtriser la commercialisation, raconter l’histoire du produit et valoriser le métier d’artisan. C’est aussi une vraie solution pour ne pas rester isolé et travailler en collectif. Entreprendre autrement est plus démocratique à mon sens, parce que ce n’est pas parce tu achètes plus de parts que tu vas prendre toutes les décisions. |
Pourquoi le choix de ce statut ? |
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Pourquoi la SCIC ? Pour l’entrepreneuriat collectif et notre volonté de fédérer de manière structurée. Monter ce projet en SCIC et non sous forme d’association était plus rassurant auprès des artisans. Il s’agit réellement d’une entreprise avec les engagements professionnels et les responsabilités qu’elle comporte. A l’époque pour notre projet de boutique, on a eu l’accompagnement de la CMA où je suis élue. C’est à cette période que les coopératives solidaires et sociales ont commencé à susciter un engouement sur le territoire, avec un intérêt prononcé des artisans pour le statut de SCIC. L’objectif était de permettre à tous les artisans de se concerter pour prendre des décisions, de se donner des conseils et travailler ensemble au lieu de rester chacun dans son coin. C’est après une visite des Seychelles, que nous avons constaté qu’il manquait une boutique artisanale dans notre aéroport. |
Quelles valeurs défendez-vous ? |
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Une fabrication 100% locale et être inscrit à la Chambre des Métiers. Sur plusieurs expositions, on rencontre des collègues qui ne sont pas inscrits en tant que professionnels. La loi PINEL de 2014 donne une définition de l’artisan. Selon cette loi, un artisan doit être inscrit à la CMA. Avec la précédente crise financière, les gens n’avaient plus les moyens d’acheter, une situation qui favorisait la concurrence déloyale qui ne payait pas de charges, et le travail illégal qui faisait du copié/collé. C’est pour nous une question d’éthique et de transparence. |
Comment celles-ci se traduisent au quotidien ? |
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Ces principes sont inscrits dans les statuts. Pour faire partie de la coopérative, il est primordial d’être titulaire de la marque « Artisanat de La Réunion », une distinction attribuée par la Chambre de Métiers, décision prise en fonction du cahier des charges. Si un artisan-sociétaire perd cette marque, il ne peut plus donc répondre au statut de la SCIC et peut perdre sa qualité d’associé. C’est une condition cumulative avec l’inscription à la CMA qui est une garantie et une preuve de professionnalisme. |
Quels sont vos prochains défis ? |
Notre objectif est de gagner en visibilité, de trouver des investisseurs. Nous avons besoin d’avoir une stabilité financière pour pouvoir nous projeter financièrement et sereinement. Cela nous permettra d’attirer de nouveaux artisans pour la mise en avant du savoir-faire d’une production 100% locale. |
Selon vous qu'est-ce l’ESS apporte au territoire réunionnais ? |
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En plus d’être très tendance, l’ESS permet de fédérer des personnes dans une structure en travaillant ensemble avec un même but, alors qu’il est plus difficile lorsque chacun est dans son coin. Elle donne également une meilleure visibilité aux entreprises sur le territoire. Quand j’explique aux clients qu’on n’est pas une boutique comme les autres que nous sommes une coopérative d’artisans, on est envié par d’autres artisans qui viennent en tant que touristes. |
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à ceux qui veulent entreprendre dans l’ESS ? |
On a été accompagné dès le départ pour créer sous forme de SARL car le fait de rassembler 50 artisans demandait à ne pas commettre d’erreur. Il est important de se faire accompagner sur les volets administratifs et juridiques, où il y a de l’écoute et des conseils réfléchis. Je recommande de ne pas hésiter car pour moi c’est plus valorisant, plus sérieux et suscite plus d’engagement, ainsi qu’un énorme épanouissement. |