Engagé depuis plusieurs années en tant que bénévole associatif, tout en faisant carrière dans l’éducation nationale, Willy ASSABY, Président de l’association Run Action, répond aux questions de la CRESS de La Réunion et partage avec nous ses valeurs et sa vision de l’ESS.
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Portrait de : Willy ASSABY Fonction : Président Effectif : 16 salariés (dont 8 apprentis, 2 contrats PEC et 6 CDI), 3 administrateurs bénévoles. Initié en 2014 par la Ville de Saint-Denis et confié à l’association Run Action, le projet « les jardins familiaux » propose un lieu d’inclusion sociale propice au bien-être et à la découverte de la biodiversité. Cet espace est également une plateforme éducative favorable à l’insertion professionnelle ; et par son activité, un outil économique pour les familles. |
Présentez-nous votre parcours - "L’ESS un parcours de vie ?"
Cela fait plus de vingt-cinq ans que je m’investis dans le secteur associatif, avant tout par conviction pour faire progresser notre société. Déjà enfant, comme beaucoup de jeunes des Camélias, je fréquentais souvent Le Château Morange pour des activités ludiques et éducatives. Par la suite, à l’adolescence, j’encadrais des plus jeunes dans la tenue et l’organisation d’ateliers extra-scolaires. Ma première expérience en tant que dirigeant d’association est celle de Trésorier d’une association culturelle. J’ai ensuite découvert le domaine de l’insertion, secteur complémentaire à ma profession d’enseignant. Titulaire d’une maîtrise en gestion et management à l’IAE, j’ai travaillé quelques années dans le secteur marchand avant de devenir enseignant, puis chargé de mission sur la relation Ecole / Entreprise depuis 2017 au rectorat de la Réunion.
Pourquoi avoir fait le choix d’entreprendre autrement ?
L’association Run Action dont je suis le Président depuis 7 ans a pour ambition d’associer le développement économique et l’utilité sociale sur le territoire dionysien, les objectifs étant la création d’emploi et le développement du lien social. Mon expérience dans le secteur privé m’a montré que ces aspects sont difficilement conciliables dans des structures marchandes axées davantage sur la rentabilité financière.
Les projets de Run Action contribuant au développement humain auraient difficilement pu être mis en œuvre sous les formes d’entrepreneuriat classique. Nous ne sommes pas dans une logique de productivité, mais de développement du potentiel humain de nos usagers.
Pourquoi le choix de ce statut ?
Le statut d’association est l’un des statuts de l’ESS. Il permet un mode de fonctionnement souple et facile à concrétiser. Les caractéristiques de ce statut permettent d’adapter la structure au projet et au contexte, et d’y associer les usagers. Au sein de notre action, nous considérons que chaque être possède un potentiel et des intelligences multiples. C’est pourquoi, contrairement à une structure du secteur marchand, le rythme pour valoriser ces personnes doit être adapté à leurs situations. Ce rythme permet donc à des personnes fragiles, éloignées de l’emploi, de pouvoir acquérir de nouvelles compétences professionnelles, comportementales pour pouvoir se réaliser.
Quelles valeurs défendez-vous ?
Notre île est jeune, avec une croissance démographique dynamique, une jeunesse qui a envie d’être valorisée, mais qui souffre d’inégalités importantes. Cette situation a un impact humain et social et constitue un enjeu sociétal et économique. Dans RUN ACTION, nous recherchons avant tout l’épanouissement des personnes, la solidarité, la fraternité, l’amélioration de la vie quotidienne des citoyens, l’émancipation de nos concitoyens, tout en assurant l’innovation économique et sociale.
Comment celles-ci se traduisent au quotidien ?
Au travers de la gestion des Jardins Familiaux du Chaudron et de l’Espace Public Numérique du Chaudron, nous développons des actions et des projets pour atteindre nos objectifs. L’accompagnement des familles sur le volet social est mené grâce à une démarche de proximité construite sur le dialogue, l’écoute et le conseil.
En ce qui concerne les apprentis, nous les amenons à un travail sur leur vie personnelle, leur orientation professionnelle et leur proposons des voies nouvelles d’insertion.
Nous intervenons également auprès de nos bénéficiaires en mobilisant des partenaires pour des actions de prévention en matière de santé et d’addictologie.
De plus nous développons actuellement une activité économique autour du recyclage des palettes, ce qui permet à des personnes qui sont dans un parcours d’insertion de pouvoir acquérir de nouvelles compétences.
Quels sont vos prochains défis ?
Notre prochain défi est une transformation de l’association en entreprise d’insertion, la pérennisation de l’emploi de certaines personnes qui sont en parcours d’insertion chez nous.
Selon vous qu'est-ce l’ESS apporte au territoire réunionnais ?
L’ESS, par ses valeurs apporte beaucoup à la population réunionnaise. Elle permet à nos citoyens d’entreprendre, elle apporte des réponses concrètes aux problématiques locales, auxquelles ni le marché ni les pouvoirs publics ne sont capables de répondre seuls. Le soutien de personnes en difficulté, la lutte contre les exclusions et les inégalités sanitaires, sociales, économiques et culturelles, la préservation et le développement du lien social, la valorisation des personnes en situation sociale difficile, l’innovation sociale sont autant d’atouts que possède l’ESS, dans une société réunionnaise toujours inégalitaire.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à ceux qui veulent entreprendre dans l’ESS ?
Entreprendre dans l’ESS, c’est impulser un changement social, c’est développer un nouveau modèle de société à la Réunion. En plaçant l'efficacité économique au service de l'humain, l’ESS permet un développement économique et social pour l’épanouissement de tous les citoyens.
Il ne faut donc pas hésiter !
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